Le sujet des causes qui mobilisent est très vaste et j'avoue être embarrassée depuis quelques jours à devoir choisir celle qui me touche le plus et dont je voudrais partager les problématiques...
Une cause, on s'en empare, on la fait sienne, et une fois qu'on se l'est bien appropriée parce qu'elle répond à un élan du coeur et à un écho de l'intelligence qui refuse et qui imagine le mieux, alors on y consacre son temps, son énergie, sa vie, chacun à la mesure de ce qu'il peut.
Maladies, sans-abris, actions humanitaires, projets de développement économiques, ... le terrain est vaste.
Vaste mais souvent aphone... Parce que non relayé, parce que générateur de peu d'audience. Une cause doit avoir sa journée et puis... on n'en parle plus.
La cause que je souhaite donc défendre aujourd'hui sur cette page est celle du discours de vérité et de transparence... En période de crise on n'est plus que jamais dans l'attente de solutions miracles, d'hommes providentiels, de promesses et d'espoirs, particulièrement les plus touchés, des plus démunis à ceux qui cherchent à sauver leur entreprise... et tout peut passer, du plus gros mensonge au plus sournois. Les discours de culpabilisation pour désigner des responsables qui en réalité subissent tout autant que les autres (les personnes d'origine étrangère, les chômeurs de longue durée, les parents homosexuels, ...), les recommandations en terme d'austérité ou de frugalité qui deviennent des justifications pour couper les aides des plus démunis afin de les fragiliser davantage et de créer un système d'inéquité...
A qui doit revenir ce discours de vérité?
Si on ne peut pas faire confiance (encore...) aux politiques pour ce type de démarche, il faut aller chercher ailleurs. Auprès d'acteurs qui sont proches de la population. Les journalistes par exemple, qui lorsqu'ils sont :
libres d'approfondir un travail d'investigation,
libres de le diffuser en protégeant leurs sources,
libres d'expliquer, d'illustrer, de montrer... ,
libres de s'exprimer, et par tous les biais.... expriment leur devoir d'éducation de la conscience collective et réveillent la soif de comprendre.
La responsabilité des journalistes est immense et leur indépendance est primordiale pour que leur travail ne se réduise pas à de la marchandisation de "scoops" et d'"infos exclusives "qui n'ont d'autre but que de divertir ou d'occuper les conversations pour mieux faire passer les mesures mensongères... La responsabilité des journalistes ne doit pas s'arrêter aux élites qui ont les moyens de se payer un abonnement à Mediapart, à la moitié de la population qui possède Internet et a la possibilité d'aller creuser les infos si elle a du temps (de cerveau disponible...)...
La responsabilité des journalistes est aussi d'éviter des prises en main externes de la part de ceux pour qui l'information n'est pas prioritaire.
Et nous pourrons ainsi mieux comprendre les enjeux de la crise et des plans de relance, des besoins et des attentes des chercheurs et parallèlement de leurs apports dans la dynamique de l'économie, des risques de la réforme santé dans sa globalité, des besoins en action partout et en tout lieu...
Mais la presse est en crise, les journalistes ont du mal à faire leur travail, et comme ils sont à la base du fonctionnement de notre démocratie, nous devons les défendre, les soutenir, leur faire confiance... quand ils sont engagés dans leur métier, dans leur vocation.
« La souveraineté est l'âme du pays. Elle se manifeste sous deux formes : d'une main, elle écrit, c'est la liberté de la presse ; de l'autre, elle vote, c'est le suffrage universel ». La presse est « une formidable locomotive de la pensée universelle ». Victor Hugo, Discours du 9 juillet 1850
Daniel Riot, grand admirateur de Victor Hugo, qui était de ces journalistes empreints de cette exigence de vérité prônait pour les plus ambitieux un "journalisme transcendantal", et a déclaré à ce titre : "Ma philosophie c'est celle d'un journalisme transcendantal tel que le rêvait Maurice Clavel. En sachant mettre les faits en perspective, en tenant compte de ce qui est hors texte et hors cadre. En décryptant les images, en décodant les propos. En n'oubliant pas que le présent n'existe que parce qu'il y a un passé et un futur. En résistant à l'air du temps, aux opinions dominantes mais versatiles, aux modes qui se démodent. Mon journalisme est celui d'un témoin guidé par l'obsession de « questionner la question » pour approcher le plus possible l'emmerderesse des emmerderesses : la vérité. Inaccessible. Celle qui même toute nue reste voilée. Inviolable. Impénétrable." (source : ici)